Le Louvre a ouvert ses portes à nos artisans pour une mission exceptionnelle : reproduire à l’identique le tombeau du comte d’Ennery, un joyau du patrimoine funéraire français. Ce chef-d’œuvre, exécuté par Jean-Antoine Houdon, a retrouvé sa place d’origine dans l’église Saint-Aubin d’Ennery.
Patrimoine religieux
Le 13 décembre 2024 a marqué un tournant dans l’histoire d’Ennery : la commune accueillait à nouveau une pièce maîtresse de son histoire, le tombeau de Victor-Thérèse Charpentier, dont l’inauguration, présidée par le maire, Matthieu Laurent, venait sceller un retour aux sources. « Victor-Thérèse Charpentier d’Ennery était comte d’Ennery et du Saint Empire, explique l’élu. Figure marquante de l’histoire des colonies françaises au xviiie siècle, il gouverna la Martinique, puis Saint-Domingue. En 1776, à l’âge de 44 ans, il trouve la mort à Port-au-Prince, en Haïti, où son corps fut inhumé. Son cœur, embaumé conformément à ses dernières volontés, fut ramené en France et placé dans un mausolée, conçu par le sculpteur Houdon, qui fut installé au sein de l’église. Si le célèbre artiste a sculpté de nombreux tombeaux, il n’en resterait cependant aujourd’hui que deux en état ».
Un travail d’orfèvre
La fabrication de cette réplique a été un véritable défi. Avec passion et rigueur, nos artisans ont déployé tout leur savoir-faire pour capturer la beauté et la finesse de ce chef-d’œuvre de la sculpture néoclassique. « Le moment du démoulage est particulièrement intense, confie Arielle Lebrun, cheffe de l’atelier de moulage. C’est toujours l’instant de vérité, magique, où le travail du mouleur disparaît au profit de l’œuvre, ne laissant qu’une trace ténue dans son histoire.
En l’occurrence, le résultat est à la hauteur de nos espérances : une réplique fidèle qui rend hommage à l’œuvre exposée au Louvre, fruit d’un travail collectif. Au départ, Hélène Susini, la restauratrice du Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF) qui avait restauré le monument en 2023, a contrôlé l’état de la sculpture avant la pose de silicone. Elle m’a avertie de la fragilité du marbre, particulièrement au niveau de la main droite, qui constitue le cœur du monument. Aussi, est-ce avec le plus grand soin que nous avons travaillé sur cette pièce exceptionnelle, et ce, au sein même du musée du Louvre, sur son socle d’exposition.
La discrétion était de rigueur lors de la prise d’empreinte ! Avec Perrine Sastre-Miralles et Nicolas Balleriaud, mouleurs-statuaires de l’atelier, nous avons en effet œuvré derrière un paravent, afin de ne pas perturber les visiteurs. Le déplacement du moule issu de cette opération a nécessité une grande précaution afin de passer – sans les heurter ! – entre les sculptures en place dans le musée. Une fois le moule arrivé dans notre atelier de Saint-Denis, nous avons procédé au tirage de la pièce de l’œuvre. Pour finir, Julie Guillamier, notre maître-patineuse, a recréé la patine du marbre blanc original et ainsi donné au tirage une authenticité saisissante. »
Tandis que la cathédrale Notre-Dame de Paris, icône mondiale de l’art gothique, rouvrait ses portes après une restauration extraordinaire menée par des artisans d’exception, notre atelier réalisait, dans le même souffle, la réplique d’un monument funéraire pour l’église d’Ennery. Faut-il voir dans ces deux événements le témoignage d’un retour en grâce du patrimoine religieux et d’une beauté nourrie de spiritualité ?
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des sculptures du xviiie siècle
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