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Le modèle du démon Pazuzu, figure populaire depuis trois mille ans, intègre le parcours de l’exposition « Monstres sacrés » au musée du Malgré-Tout

Modèle du démon Pazuzu – atelier de moulage des musées nationaux

L’atelier de moulage des musées nationaux est régulièrement approché par des musées pour reproduire ou prêter des moulages d’œuvres historiques à l’occasion d’expositions temporaires. Cet été, le monstre Pazuzu est de sortie ! Accompagné d’une représentation du dieu gaulois Cernunnos, il a rejoint le musée du Malgré-Tout en Belgique (à Treignes). L’exposition « Monstres sacrés » y présente une sélection d’être fantastiques, issus de la préhistoire aussi bien que de l’Antiquité, jusqu’au 13 novembre 2022.
Ariane Thomas, directrice du département des Antiquités orientales du musée du Louvre, nous éclaire sur ce démon.

Moitié homme, moitié animal, Pazuzu a une tête de chien grimaçante et cornue, une queue de scorpion, des yeux exorbités, quatre grandes ailes et des griffes menaçantes. Il est terrifiant. On l’appelle communément le « roi des démons mauvais » ; il a un statut particulier, car il est de nature divine. Ses ailes sont dotées d’un pouvoir magique : elles dirigent les vents mauvais. Elles peuvent propager des épidémies mais aussi en protéger l’homme en détournant le vent.

« Nous avons la chance, au musée du Louvre, de conserver cette petite figurine en bronze, depuis la fin du XIXème siècle, nous confie Ariane Thomas. Elle fait partie des personnalités les plus puissantes du panthéon mineur mésopotamien, la Mésopotamie correspondant, en gros, au territoire occupé aujourd’hui par l’Irak. Pazuzu est un démon malfaisant qui cumule tous les pouvoirs. Mais il est suffisamment puissant aussi pour protéger ceux qui s’en attirent les faveurs. L’anneau qui est au-dessus de sa tête permettait de le pendre à l’entrée d’une pièce par exemple, comme une amulette protectrice, surtout contre les maladies. Au dos de la figurine, on peut lire une inscription cunéiforme en langue assyrienne : « Moi, Pazuzu, je suis  le fils de Hanpu. Je suis le roi de tous les démons… » »

Le démon de la Tour Eiffel de Jacques Tardi (couverture des Editions Casterman)

Star d’épouvante
Si Pazuzu était populaire au Ier millénaire av. J.-C. en Assyrie, il a réintégré sa place depuis les années 1970, en devenant une célèbre figure d’épouvante dans la saga L’Exorciste, d’après le roman de Willaim Peter Blatty : au cours d’une mission en Irak, un archéologue déterre Pazuzu, le ramène aux États-Unis, où il va tourmenter une petite fille… Pour fabriquer la créature maléfique, l’équipe de réalisation du film s’est inspirée de la statuette exposée au musée du Louvre. Par la suite, le démon est repris dans d’autres fictions cinématographiques, dans des bandes dessinées de Jacques Tardi, dans des jeux vidéo et même dans un épisode des Simpson !

Pazuzu représente aujourd’hui un monstre moderne, protéiforme, récupéré par l’industrie du divertissement. Il a traversé les frontières pour continuer d’exercer à la fois fascination et répulsion. Les productions modernes d’épouvante ne remplaceraient-elles pas aujourd’hui les rituels religieux anciens, qui visaient à apprivoiser les peurs les plus profondes de l’homme et l’angoisse de mort inhérente à sa condition ?

 

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