De la proue d’un navire antique aux écrans de cinéma, la déesse ailée, symbole intemporel de la victoire, traverse les siècles dans un élan universel. Œuvre fascinante en soi, La Victoire de Samothrace présente une histoire qui l’est tout autant. Depuis 1936, elle trône, même, dans un format réduit, sur les étagères des plus grands réalisateurs récompensés par le prix Louis-Delluc.
Découvrez l’histoire étonnante de cette icône, à la fois antique et résolument moderne, qui a su conquérir le monde du cinéma.
En 1863, sur l’île de Samothrace, baignée par la mer Égée, Charles Champoiseau, diplomate français et archéologue amateur, trouve quelques fragments d’une sculpture antique. Ébloui par cette découverte, il entreprend une minutieuse reconstitution. En 1873, la statue inachevée rejoint les collections du musée du Louvre. Si la tête, les bras et les pieds restent introuvables, la main droite est découverte en 1950 et vient alors enrichir ce puzzle millénaire. Quant à l’aile gauche, elle fut recomposée à partir des pièces d’origine retrouvées. Seule l’aile droite, presque entièrement manquante, fut reconstituée en plâtre.
« La Victoire de Samothrace est une œuvre exceptionnelle, confie Sophie Prieto, cheffe des ateliers. Elle représente la déesse ailée de la victoire, Nikè en grec. Elle a inspiré une réplique miniature d’une grande fidélité. Réalisée à partir d’un scan 3D de la statue restaurée du Louvre, cette reproduction, haute de 34 cm, révèle l’incroyable travail des conservateurs du Louvre.« Et l’histoire ne s’arrête pas là ! En 2013, de nouvelles découvertes vinrent bouleverser notre perception de La Victoire. Des fragments sculptés de draperie et une petite plume furent mis au jour dans les réserves du musée. Nos artisans n’hésitèrent pas, alors, à modifier le moule de la réplique pour intégrer ces nouveaux éléments. Il est possible que de nouvelles surprises nous attendent dans les réserves du Louvre. Ainsi, des traces de polychromie bleue ont été décelées sur le rebord d’un drapé… Chaque découverte peut être l’occasion de parfaire notre reproduction et de nous rapprocher toujours un peu plus de l’œuvre originale. »
La Victoire de Samothrace au cinéma
La beauté intemporelle de cette icône antique en fait une référence incontournable dans le monde de l’art et du cinéma, comme l’illustre la présence de La Victoire dans le film Cœurs Vaillants, réalisé par Mona Achache en 2022 (voir notre article à ce sujet). Cœurs Vaillants est inspiré de l’histoire de Rose Valland, grande figure de la Résistance et de la sauvegarde des œuvres spoliées par les nazis en France. Son personnage est incarné dans le film par Camille Cottin. On la découvre, pendant la Seconde Guerre mondiale, conservatrice au musée du Jeu de Paume, puis au château de Chambord, alors utilisés comme dépôts d’œuvres des musées nationaux.
Évoquant le film durant son tournage, auquel elle participait en tant que cheffe décoratrice et production designer, Véronique Sacrez expliquait : « Parce que La Victoire de Samothrace porte en elle un puissant symbole de liberté, qui fait écho à la liberté que conquièrent les enfants dans le film, j’ai souhaité que la déesse soit intégrée dans le décor. Or, en faisant des recherches préparatoires, j’ai retrouvé des documents photographiques des œuvres du musée du Louvre emballées avant leur évacuation, dont La Victoire ! Nous avons donc commandé la paire d’ailes à votre atelier de moulage, pour ensuite l’adapter à une structure ; puis, l’œuvre ainsi reconstituée a été emballée pour apparaître dans le film telle que je l’avais vue sur le document d’archives. Il était important que les scènes liées au transport des œuvres s’inscrivent dans une histoire authentique. »
Le prix Louis-Delluc
Dès 1936, La Victoire de Samothrace a inspiré bien plus qu’un trophée : elle est devenue l’emblème du prix Louis-Delluc, qui récompense, chaque année, les meilleurs films français. Charles Herby-Funfschilling et Alain Rocca, délégués de l’association du prix Louis-Delluc, soulignent la pertinence de cet emblème : « La Victoire incarne à merveille l’essence même du cinéma : le mouvement, la beauté, la quête de l’excellence. Ses ailes déployées semblent prêtes à emporter le spectateur dans un univers cinématographique infini.
« C’est ainsi qu’elle a souvent inspiré de nombreux décors de cinéma et de nombreux costumes. Thomas Cailley, lauréat du prix Louis-Delluc pour Le Règne animal en 2023, nous a dit s’être inspiré de La Victoire pour le personnage de Fix, l’homme-oiseau. Avec sa costumière Ariane Daurat, il a su capter l’essence de cette figure mythique pour l’adapter à son univers cinématographique. »
Créé en 1936 et remis pour la première fois à Jean Renoir pour Les Bas-Fonds, le prix Louis-Delluc est le plus ancien prix cinématographique français. Souvent surnommé le « Goncourt du cinéma », il se distingue par son jury composé exclusivement de critiques et de journalistes, qui récompense des films alliant exigence artistique, singularité stylistique et vision d’auteur. La Victoire de Samothrace, en tant que symbole de cette récompense, incarne cet esprit de création et d’innovation.
Et c’est à notre atelier de moulage que revient la mission de produire le trophée remis aux cinéastes lauréats, une réplique de La Victoire de Samothrace incarnant l’excellence cinématographique. Une mission en parfaite adéquation avec les valeurs qui nous animent : nos créations en résine patinée – qu’il s’agisse de célébrer le cinéma dans ce cas, le goût des sciences avec La Chouette de François Pompon ou les courses hippiques de France Galop avec Le Cheval de Pierre Lenordez – témoignent de notre passion pour l’artisanat d’art et de notre engagement à rendre hommage aux talents qui font briller notre monde.
Commandez une réduction de La Victoire de Samothrace