La Villa Médicis et l’atelier de moulage trouvent tous deux leur origine dans la volonté des souverains français de copier des chefs-d’œuvre pour en faciliter la diffusion, former les artistes et décorer palais et jardins.
Cet été, notre atelier a une double actualité à l’Académie de France à Rome : incarnant l’antique dans une chambre historique rénovée par la créatrice India Mahdavi, nos moulages s’intègrent également aux œuvres de l’artiste Théo Mercier dans son exposition « Bad Timing ».
La Villa Médicis, une enclave culturelle française depuis 1666
Dominant la colline du Pincio, la Villa Médicis, siège de l’Académie de France à Rome, est à la fois un palais du Cinquecento et un immense jardin botanique ombragé par des pins parasols, éléments emblématiques des paysages romains. L’Académie, enclave française dédiée aux arts, joue un rôle important dans la vie artistique de la capitale italienne, à travers des résidences d’artistes et de chercheurs ainsi que de nombreuses expositions. À la Renaissance, souverains et aristocrates français aiment à s’entourer de moulages « antiques », fidèles reproductions de modèles réalisés par des sculpteurs grecs ou romains. L’Italie, riche de son héritage gréco-latin, est alors considérée comme la référence artistique. François Ier, souhaitant créer à Fontainebleau « une Italie française », envoie à Rome le Primatice, en lui commandant des prises d’empreintes de statues antiques, dont les répliques seront destinées à orner palais et jardins royaux.
Plus tard, alors que Versailles est qualifiée de « Nouvelle Rome », Louis XIV et Colbert instituent une enclave artistique française au cœur de Rome en fondant l’Académie de France. Après avoir successivement occupé plusieurs palais, l’institution établit son siège définitif à la Villa Médicis, achetée aux héritiers Médicis par Napoléon Bonaparte. Les plus grands artistes et architectes français sont accueillis en pension pour se former à l’art de l’Antiquité et de la Renaissance italienne : Fragonard, Ingres, Berlioz, Balthus, Garnier, entre autres, s’y succèdent…
Notre atelier, héritier du culte de l’antique…
Si, à l’origine, la Villa Médicis accueille en résidence uniquement des peintres et des sculpteurs, qui viennent à Rome pour copier les maîtres italiens, aujourd’hui, artistes et chercheurs de toutes les disciplines y sont les bienvenus. Mais cet établissement public national n’est pas seulement un lieu de résidence ; il a également pour mission de proposer une programmation culturelle et de valoriser son patrimoine.
C’est ainsi qu’a été lancé un vaste programme de restauration, « Réenchanter la Villa Médicis », dont la direction artistique a été confiée à de grands créateurs et créatrices contemporains. India Mahdavi, architecte, designer et scénographe renommée, est l’une d’entre eux. Elle a dirigé la décoration de la chambre historique Galilée, où elle a choisi de placer le Buste d’Artémis, que notre atelier avait réalisé en plâtre acrylique pour « Une Antiquité moderne » ; cette exposition, organisée en 2020 à Rome par le musée du Louvre, traitait du rôle des moulages en plâtre dans la diffusion des modèles esthétiques antiques, depuis la Renaissance jusqu’au XIXe siècle. De nombreuses œuvres de notre atelier avaient alors été exposées, notamment pour la Galerie tactile, où étaient offerts au toucher des modèles en plâtre ou en résine. L’activité de notre atelier de moulage se trouvait ainsi inscrite dans une histoire longue de plusieurs siècles ; et la place de premier plan que ce dernier occupe, depuis sa création au sein du musée du Louvre en 1794, dans le marché de l’édition en plâtre, mise en lumière.
… partenaire de la création contemporaine
S’inspirer du passé pour construire un nouvel univers est une tendance parmi les artistes contemporains, dont certains collaborent avec notre atelier de moulage. Après Jeff Koons, Hopare, Daniel Arsham et JR, Théo Mercier a commandé deux tirages « à l’antique » de la Tête d’Hygie et de la Grande tête de l’Hercule Farnèse. Ces pièces sont destinées à prendre place parmi les œuvres de l’exposition « Bad Timing » : dans cette mise en scène artistique sur fond de scénario dystopique à la Villa Médicis, l’ancien pensionnaire dénonce le chaos contemporain postindustriel face aux reliques flamboyantes du passé.
S’il perpétue la mémoire du passé en incarnant les canons esthétiques de l’histoire de l’art, notre atelier de moulage participe tout autant à l’invention du présent en fécondant des œuvres contemporaines.