L’estampille que nous apposons sur tous nos tirages constitue la marque de notre atelier. Comme une signature, elle atteste l’appartenance à nos collections et certifie la qualité de fabrication. À travers l’évolution de son graphisme et de ses inscriptions, cette épigraphe iconique raconte l’histoire de l’atelier depuis sa création et incarne sa légende.
Un cachet pour protéger les œuvres originales dès la Convention
Quelques mois seulement après sa fondation en 1793, le Muséum central des arts, qui allait devenir le musée du Louvre, ouvre l’atelier de moulage, premier atelier public en Europe. Le nouveau régime républicain souhaite alors une diffusion plus large des copies d’antiques.
Les contrefaçons, réalisées par de nombreux ateliers privés, sont courantes à cette époque. Face aux dégradations commises sur les œuvres originales par des mouleurs insuffisamment formés, un groupement de citoyens mouleurs signe la « pétition du 13 Ventôse de l’an II » (du 3 mars 1794), qu’il présente à la Convention nationale.
Le manifeste dénonce « l’inhabileté de ces ignorants […] », et explique : « Sous leurs mains avides et barbares, les chefs-d’œuvre mêmes de l’Antiquité, ces monuments devenus le code des proportions de la nature et des principes du Beau, travestis, mutilés, violés, estropiés de toutes les manières possibles, ne présentent plus au bout de quelque temps que des traductions mensongères propres à égarer le jeune étudiant et méconnaissables même aux maîtres d’art. » S’impose alors la nécessité d’établir un contrôle strict des moulages prévoyant l’approbation impérative des moules ou des statues par leurs propriétaires (Archives nationales. Extrait de L’Atelier de moulage du musée du Louvre – 1996). Le moulage devenait ainsi une mission de service public.
L’estampille devint obligatoire dès le Second Empire pour tous les ateliers en Europe, publics ou privés, afin d’assurer la traçabilité du tirage, son authenticité et l’expertise des praticiens. Dès lors, les mouleurs-statuaires de notre atelier apposèrent systématiquement un cachet en métal sur les tirages.
Chaque marque raconte une histoire
Plus de vingt estampilles différentes ont été apposées sur les tirages de notre atelier depuis sa création. Au fil des années, elles ont connu diverses modifications relatives à leur forme comme à leurs inscriptions, en fonction de l’évolution des régimes politiques et des noms conséquemment donnés aux institutions qui accueillirent l’atelier ou en assurèrent la tutelle. Non seulement elles indiquent la localisation géographique de notre atelier, qui a déménagé à plusieurs reprises, mais elles apportent aussi des informations permettant la datation des tirages : chaque sceau raconte ainsi une histoire.
Peu documenté, cet aspect requiert un travail de recherche, auquel notre atelier prend part pour répondre aux particuliers qui nous interrogent sur la provenance de leur moulage.
Aujourd’hui, l’estampille de l’atelier est imprimée directement dans la matière par le biais du moule, ou encore apposée à la fin des tirages, quel que soit le matériau d’édition : terre cuite, bronze, résine, nouveaux matériaux composites issus du recyclage. Certifiant les savoir-faire traditionnels de nos équipes, elle participe à l’iconisation de notre marque.