Les œuvres d’Annette Messager s’inspirent du quotidien humble, prosaïque et domestique des femmes, mais aussi de l’art populaire et de l’art brut. Les jeux de l’enfance, parfois doux et tendres, parfois inquiétants et cruels, nourrissent ses créations ; elles se réfèrent également à la psychanalyse, dans un double mouvement de moments cachés et de révélations. Elles fondent un univers sensible, à l’élégance subtile, souvent équivoque, qui arrête, trouble et enchante ses spectateurs. Avec L’Amour et la Mort, elle livre un diptyque émouvant, faisant dialoguer l’amour, la vie, la mort et l’art. Ce lavis à l’encre de Chine, gracieux, à l’humour grinçant, met en scène Éros et Thanatos, face à face dans un jeu cruel et inégal. Il représente Cupidon, peignant la mort et par un jeu de miroir, la mort à son tour peignant l’enfant, dieu de l’amour. Sa lecture joue sur l’évocation de la mythologie antique, si présente au Louvre, tout en ayant recours à une apparente simplicité de moyens, avec une esthétique qui évoque celle des taches d’encre, où apparaissent des formes subtiles où nous cherchons à lire le reflet de nos pensées et de nos émotions. Le choix des encres, des papiers ainsi que de la technique d’impression, l’héliogravure, a fait l’objet d’échanges entre l’artiste et l’artisan taille-doucier de l’atelier.
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