Utilisée par l’artiste en support de table
Acquise sur le marché parisien en 1950, cette pierre taillée côtés pile et face a été immédiatement présentée au musée national d’Art moderne dans l’« Exposition d’art moderne italien » (mai-juin 1950). Elle appartient à l’ensemble, encore mal connu, des rares sculptures réalisées par Modigliani entre 1911 et 1912 ou 1913. En dehors de deux figures piliers, proches de ses dessins de « cariatides », Modigliani n’a sculpté que des têtes dont le canon répétitif (figure effilée aux traits parfaitement symétriques et géométrisés) évoque son « esprit gothique », salué par Waldemar George, mais aussi des sources extra-européennes diverses : l’art « nègre » et plus particulièrement celui des sculptures Baoulées de Côte-d’Ivoire, collectionnées par son premier amateur, le docteur Alexandre et son ami, le critique Frank Burty Haviland, mais aussi celui des bouddhas khmers qu’il allait étudier au musée Guimet. La massivité de cette tête, dont le volume reste soumis au bloc de grès, et son archaïsme prononcé, d’essence gauloise ou celtique, ont autorisé des rapprochements avec d’autres sculptures en taille directe, comme la première version du Baiser (1907-1908, Craiova, Muzeul de Arta) de Brancusi, avec qui Modigliani était étroitement lié depuis 1909, ou encore l’Homme accroupi (1907, Vienne, Museum des 20. Jahrhunderts) de Derain.
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